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Faire du vélo à jeun bonne ou mauvaise idée ?

Faire du vélo à jeun bonne ou mauvaise idée ?

20 mars 2023

Perte de poids, amélioration de la condition physique… la pratique du vélo à jeun est de plus en plus populaire. Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Avantages et dangers pour la santé ? Comment s’y prendre ? Explications et conseils.

Le jeûne remonte à l’Antiquité et est présent dans de nombreuses cultures et religions. Les anciens Égyptiens et Grecs le pratiquaient pour des raisons de santé et de purification. Hippocrate, le père de la médecine moderne, le préconisait comme traitement pour diverses maladies. De nos jours, il revient à la mode pour : maigrir, garder son poids de forme, détoxifier son corps, mettre son organisme ainsi que différents organes (estomac, intestins, foie, reins, pancréas…) au repos pour éliminer les excès, les toxines et se régénérer, performer sur son vélo…

Qu’est-ce que jeûner ?

Jeûner consiste à cesser de s’alimenter, de se priver d’aliments nutritifs solides et/ou liquides. Il existe différents types de jeûne possédant ses propres spécificités : le jeûne sec (ni aliment ni boisson), le jeune complet (seule l’eau, voire les tisanes, sont permises), le jeûne périodique (entre 2 et 21 jours), le jeûne partiel (jus de fruits, bouillons de légumes sont autorisés) ou encore le jeûne intermittent (alternance de périodes avec et sans alimentation) le plus populaire. Pour ce dernier, également appelé « fasting » en anglais, de nombreuses variantes sont possibles. La plus connue et recommandée est le jeûne court (14 à 16 heures sans manger). Le choix et la durée sont variables selon vos objectifs, votre état de forme et de santé. Le jeûne n’est pas conseillé pour tout le monde, notamment les personnes atteintes de diabète, d’insuffisance hépatique, rénale, ou de maladies cardiovasculaires.

Pédaler à jeun n’est pas jeûner !

Durant cette période d’abstinence, le corps se trouve contraint à chercher de l’énergie dans ses réserves pour les transformer en énergie utilisable. L’effort physique, les conditions environnementales… rajoutent un stress supplémentaire à l’organisme. Néanmoins, vélotafer, mouliner tranquillement histoire de s’aérer la tête n’est pas contre-indiqué.

Enfourcher son vélo au saut du lit à jeun, en sautant le petit-déjeuner et en partant le ventre vide suite au dîner de la veille vers 20h, n’est pas la même chose que jeûner même si le principe reste plus ou moins semblable. Le corps n’est pas dans les dispositions habituelles. Il ne dispose pas des calories issues du repas pris quelques heures avant la sortie. Cette insuffisance le contraint à puiser dans ses réserves de graisse afin d’alimenter les muscles en énergie et donc de produire l’effort nécessaire. Pour fonctionner, les fibres musculaires ont besoin des sucres issus de l’alimentation apportés par le sang, de la dégradation des graisses et des réserves de glycogène disponibles dans les muscles et le foie. Mieux vaut éviter les grosses sorties vélo ou les entrainements à forte intensité (VO2Max, fractionné, force, etc.).

Certes, pour certains cyclistes, pédaler à jeun se veut être une bonne option pour éviter lourdeurs et ballonnements après un repas ou une collation. Cependant, cette pratique n’est pas recommandée pour tout le monde, notamment les débutants, les personnes qui n’ont pas l’habitude de s’entraîner ou qui se sont arrêtées depuis un certain temps. Sans compter qu’il est important de se connaitre, de savoir anticiper les réactions de son corps et surtout de l’écouter.

Faire du vélo à jeun, avantages et inconvénients

Ses bienfaits :

  • Préserver un confort intestinal et éviter les petits problèmes intestinaux.
  • Optimiser le processus de dégradation des graisses (lipolyse). L’énergie que l’on va utiliser pendant l’entraînement à jeun va provenir des lipides plutôt que des glucides. Après une nuit sans apports énergétiques, les réserves de glycogène sont au plus bas.
  • Accélérer le métabolisme de base qui consomme plus de calories au repos.
  • Réduire le taux d’insuline et les taux élevés de glycémie.
  • Apprendre à l’organisme à puiser sa source d’énergie différemment et à mobiliser d’avantage les graisses pour produire de l’énergie. Un point important dans les sports d’endurance comme le cyclisme.

Ses dangers :

  • L’hypoglycémie ou les « fringales ». À cause du manque de sucre dans le sang, vous risquez d’avoir extrêmement faim, des étourdissements, des vertiges, des tremblements, voire une perte de conscience. Le glucose est une source d’énergie importante pour le corps, notamment pour le cerveau et les muscles.
  • La fonte musculaire. Pédaler demande un apport énergétique important. Étant à jeun, l’organisme va en chercher et en trouver là où il peut. Après avoir épuisé les réserves de glycogène musculaire et hépatique, il va consommer les protéines présentes dans vos muscles. À force, cela peut engendrer une perte de masse musculaire, entraînant des dommages au niveau des fibres et augmenter le risque de blessure.
  • Le manque d’énergie, fatigue, maux de tête… La carence en énergie et en nutriments altère l’adaptation à l’effort. Sans essence le corps a du mal à répondre efficacement à toutes les demandes. Sur le long terme une pratique régulière du vélo à jeun peut entraîner un épuisement prématuré et chronique.
  • Les blessures. Le cerveau a besoin d’énergie pour fonctionner de façon optimale. À jeun, le corps peut être déshydraté et ne pas avoir suffisamment d’électrolytes tels que le sodium, le potassium, le calcium, le magnésium, etc. Ces minéraux jouent un rôle important dans la régulation de l’hydratation, la transmission nerveuse et la contraction musculaire. Cela peut affecter la performance, augmenter le risque de crampes musculaires, de tendinites, de déchirures musculaires, etc.

Avant de vous lancer dans des sorties vélo à jeun, demandez l’avis de votre médecin. Emportez une pâte de fruits, une barre énergétique avec vous au cas où. Enfin, allez-y en douceur et progressivement en faisant juste tourner les jambes (100 tours/minute, à 60-65% de la FCM). Ne faites surtout pas des entraînements trop longs ni trop intensifs !

Faire du vélo à jeun n’est pas une mauvaise idée mais il faut juste pédaler à la bonne cadence et sur le bon braquet…

Clarisse Nénard

clarissenenard.com